L’apparition du mortier se perd dans l’antiquité la plus reculée. En parcourant les musées de plusieurs pays, en Europe et en Asie, on rencontre des mortiers en pierre, fer, bois, verre et ivoire.
Avec la conquête portugaise en 1510, la région de Goa devint un important pôle commercial, centre névralgique de communication entre le Sud et le Nord de l’Inde, également rattaché à la Perse via Ormuz, et à la Chine et à l’immense Asie du Sud-Est via Malacca. À partir du milieu du XVIe siècle, Goa eut la mainmise sur les principales routes commerciales de marchandises asiatiques de luxe ; entre la fin du siècle et le début du suivant, ce territoire s’affirma comme un centre artistique d’envergure. Contrairement à l’empire colonial espagnol, le Portugal va favoriser les mariages mixtes, notamment à Goa. La ville va devenir ainsi le foyer d’un art spécifique : l’art indo-portugais.
Les Portugais commencèrent par profiter du talent des artisans locaux, mais, très vite, vinrent s’installer dans la région des commerçants et artisans originaires de différentes cultures, d’Europe en Extrême-Orient.
Au-délà de l’énorme variété de l’imaginaire religieux indo-portugais à Goa, on a exécuté dans ce précieux matériau se multiples objets et ustensiles, parmi lesquels des mortiers. Cet ivoire d’éléphant provient d’Afrique australe, et plus précisément des autres colonies portugaises de ce continent (Mozambique) et de l’archipel de Zanzibar. D’une part, les défenses africaines sont de tailles plus importantes, mais d’autre part, l’éléphant étant un animal sacré en Inde.
Le mortier en ivoire indo-portugais constitue un objet d’une grande importance artistique et historique, témoignant des échanges culturels entre l’Inde et le Portugal au cours d’une période cruciale de l’histoire.
En conclusion, le mortier en ivoire indo-portugais se présente comme un objet unique et fascinant, témoin d’une époque révolue où les cultures indienne et portugaise se rencontraient et s’influençaient mutuellement.