dei bardi art

Télamon

« Sono coloro che hanno dimenticato che l’uomo é solo un bruco, destinato a diventare farfalla solo nell’aldilà : ora sono curvi come telamoni sotto pesi troppo grandi rispetto alle loro forze, tanto che quello che sembrava poter sopportare di piú il suo carico piangendo parea dicer : Piú non posso. 

«  Dante, Divina Commedia, I superbi, Purgatoire ».

 Assis, écrasé sous le poids qu’il soutien, témoin d’une punition éternelle, le télamon ou « gobbo » était une image emblématique au Moyen-Âge. 

« Je ne peux plus ! » criaient les pénitents dans le purgatoire de Dante : les superbes tiennent sur leurs épaules le lourd poids d’une roche qui symbolise l’arrogance manifestée pendant leurs vies.

Son titre de « Gobbo » (bossu), il le doit tout simplement à sa posture, à genoux et voûté sous le poids de la plaque de marbre qui est posée sur sa tête à visualiser le poids des  pêches de l’humanité. 

Ce télamon, sculpté dans un bloc de marbre d’époque romaine, remployé comme il était fréquent au Moyen Age, porte au revers une inscription « SEX ». 

La tête serrée entre ses épaules qui dépasse l’axe naturelle de son corps ;  il porte une tunique serrée à la taille par une ceinture comme les télamons conservés au Museo Civico di Piacenza, au Victoria and Albert et la paire de télamons monumentaux du Louvre. 

Télamon, Duomo di Cremona

Ses vêtements sont typiques de la mode civile de l’époque et révèlent de la recherche d’un réalisme figuratif qui semble vouloir s’affranchir du répertoire purement symbolique et allégorique qui caractérisait les monuments religieux de l’époque.

Les télamons sont une innovation architecturale qui se diffuse dans le Nord de l’Italie, notamment en Emilia Romagna et Lombardie, à partir du premier tiers du XII  siècle et dont la fortune perdurera pendant plus de deux siècles.  

Télamon, Duomo di Piacenza

Souvent présentés en paire à soutenir les colonnes des façades, les « gobbi » sont le développement sculptural d’un modèle iconographique qui apparait déjà dans une série d’illustrations visibles dans un codex du début du V siècle, « calendario di Filocalo » dans lequel une série d’images représentants les sept planètes est inscrite à l’intérieur d’un baldaquin posé sur les épaules de deux télamons qui le soutiennent.  

Les plus anciennes sculptures représentant des télamons sont celles  provenant du Duomo de Cremona datables entre 1107 et 1117 (dont un est visible au Castello Sforzesco de Milan).  

Dans la façade de la cathédrale de Piacenza les télamons portent la signature du célèbre sculpteur «  Nicholaus » qui les réalisa entre 1114 et 1132. 

Télamon, Louvre (RF 4197 B)

Dans les exemples connus de Bologne, Cremona, Piacenza et Ferrara, les télamons figurent toujours en couple, un jeune et un vieux. Ce dualisme s’inspire du symbolisme du cycle solaire ou les deux figures visualisent les deux parties de l’année, celle du soleil croissant et celle du soleil décroissant. 

La fortune de ce modèle iconographique perdura jusqu’au XIV siècle quand en 1367 Giovanni da Campione fut chargé de la réalisation la façade de la Basilique de Santa Maria Maggiore à Bergamo, probablement le dernier exemple de télamons réalisés témoignant la fortune de ce modèle iconographique pour plus de 200 ans. 

Les bossus représentaient une importante attraction pour les étrangers de passage et leur popularité était souligné en 1910 par Alice Maude  Allen dans son livre  History of Verona » : « The two well known gobbi inside the church supporting holy water basins are masterpieces in their way. » 

Télamon, Duomo di Verona

Bibliographie:

  • A.M.ALLEN, A history of Verona, London 1910, p. 368
  • S. LOMARTIRE, Telamone, in Matilde di Canossa. Il Papato. L’Impero. Storia, arte, cultura alle origini del romanico, catalogo della mostra (Mantova, casa del Mantegna, 31 agosto-11 gennaio 2009) a cura di R.Salvarani, L. Castelfranchi , Silvana Editoriale, Cinisello Balsamo 2008, pp. 405-406, n. X. 27
  • E. NAPIONE, i Gobbi di Sant’Anastasia, Museo Civico di Verona, Septembre 2018
  • P. WILLIAMSON, Catalogue of Romanesque sculpture in the Victoria and Albert Museum, V&A Publications, London 1983, pp. 50-51, n. 22