Inscription : « Giulio Romano » au revers
Provenance : Collection particulière, Florence, Italie
Inspirée de la célèbre série gravée par Adriaen Collaert d’après les compositions de Maerten de Vos, cette peinture sur cuivre illustre l’engouement européen de la fin du XVIe siècle pour les allégories géographiques. Représentant l’Afrique sous les traits d’une figure féminine semi-nue, assise sur un crocodile, l’œuvre traduit la vision européenne d’un continent à la fois exotique et sauvage, nourrie par les récits de voyage et les premières explorations.

L’iconographie s’appuie sur les descriptions codifiées dans l’Iconologia de Cesare Ripa (1593), enrichies par l’imaginaire humaniste et les connaissances géographiques de l’époque. Avant la révision de 1613 qui introduira une représentation plus sombre et racialisée de l’Afrique, cette image reflète encore une approche idéalisée, où la figure allégorique conserve des traits européens, conformes aux canons de beauté maniéristes.
Le paysage architectural en arrière-plan, peuplé de ruines antiques égyptiennes et carthaginoises, inscrit l’Afrique dans une histoire prestigieuse, à la croisée de l’héritage biblique et du monde classique. Cette mise en scène érudite est caractéristique des productions anversoises, où la fusion des influences flamandes et italiennes répondait aux attentes d’une clientèle cosmopolite.
L’inscription « Giulio Romano » au revers, bien que non attribuable à l’artiste, suggère une ancienneté de provenance italienne, confirmée par la présence prolongée de l’œuvre dans une collection florentine.
Ce tableau illustre ainsi la circulation des modèles iconographiques entre les Flandres et l’Italie, ainsi que la construction progressive d’un imaginaire européen de l’Afrique, oscillant entre fascination et volonté de domination.
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