dei bardi art

Cinerarium du Grand Tour

« New pieces are daily dug out of the ruins, and new

things present themselves to us, capable of fertilizing, and improving the ideas of an artist

who thinks, and reflects » 

Piranesi 1769, 33


Le couvercle associe une forme de toit à pignon à une structure d’autel ornée de volutes. Le cadre du pignon est agrémenté de pièces de lapis-lazuli, tandis que les parois de l’urne sont incrustées de fragments antiques de marbres polychromes et d’éléments de fresques romaines, maintenus par un remplissage au plomb. L’objet réunit ainsi de petits fragments-souvenirs collectés lors du Grand Tour d’un gentleman de distinction. La plupart de ces fragments conservent des traces d’annotations indiquant leur lieu de découverte (par ex. Forum Trajani, forum, Forum Vitellius ?), conformément à l’esprit érudit, encyclopédique et antiquaire du XVIIIe siècle.

Cette composition intègre les fragments antiques eux-mêmes comme motif décoratif, parfaitement inséré dans un cadre formel inspiré de la Rome du XVIIIe siècle. Ce cinerarium composite témoigne à la fois de la réception des antiquités au siècle des Lumières et de la personnalité singulière de son auteur, qui transpose le vocabulaire antique dans un idiome propre à son époque, conciliant goût contemporain et connaissance des styles du passé.

Ce « pastiche » archéologique constitue un exemple rare du raffinement aristocratique associé au Grand Tour et évoque visuellement l’esthétique piranésienne. Il en reflète de manière accentuée, mais tangible, la valorisation du fragment et la conviction de Piranèse quant au pouvoir communicatif inhérent aux vestiges matériels : par leur seule présence, et plus encore lorsqu’ils sont juxtaposés, ces fragments étaient capables de suggérer de nouvelles voies de création artistique.

Ce cinerarium du Grand Tour apparaît ainsi comme un microcosme de l’un des phénomènes culturels majeurs du XVIIIe siècle. Il incarne la fascination pour la collecte, l’assemblage et la conservation des traces du passé, motivée par le désir de renouer avec les origines de la civilisation occidentale.

Sir John Soane’s Museum, as depicted in the Illustrated London News for 1864. Some of the Greek vases in his collection may be relics of his own, relatively modest, Grand Tour, but many more were acquired by him later in life when, as a successful architect, he was able to purchase them from younger men returning with more debts than assets (an occupational hazard of the Grand Tour).