dei bardi art

Paire de colonnes torsadées

Arms of the Olivetani Order – inlaid marble on the floor of the courtyard of the reformed Benedictine convent of Monte Oliveto Maggiore

Cette remarquable paire de colonnes torsadées en marbre blanc constitue un témoignage précieux de l’art architectural gothique en Toscane au milieu du XIVe siècle. Chacune des colonnes se caractérise par la présence d’une large bande hélicoïdale centrale, encadrée de deux bandes latérales plus discrètes. La virtuosité technique de cette ornementation spiralée témoigne du savoir-faire des ateliers italiens actifs entre 1340 et 1360. Ce type de colonne, par ses proportions, la qualité de son exécution et son excellent état de conservation, demeure rare en dehors de son contexte d’origine.

Les chapiteaux de ces colonnes sont ornés de blasons héraldiques représentant l’emblème de l’ordre des Olivetains : trois collines surmontées d’une croix et encadrées de rameaux d’olivier. Ce motif emblématique, alliant une symbolique de paix et de bénédiction divine, illustre la vocation spirituelle de cet ordre monastique, centré sur la contemplation, la prière et l’harmonie avec la Création. Ce même emblème, réalisé en marqueterie de marbre, figure au cœur du pavement du cloître de l’abbaye de Monte Oliveto Maggiore, maison-mère de l’ordre.

Spiral-twisted marble column, Bardini Museum in Florence (inv. n. 145)

L’ornementation torsadée de ces colonnes répond à une double fonction, à la fois structurelle et symbolique. Forme dynamique par excellence, la spirale introduit une tension verticale qui évoque l’élévation spirituelle et l’aspiration à l’union divine. Cette dynamique ascendante entre en résonance avec l’idéal spirituel des Olivetains, ordre réformé prônant la simplicité de vie et la recherche d’un lien étroit avec Dieu à travers l’observance rigoureuse de la règle bénédictine.

L’ordre des Olivetains, ou Ordre de Notre-Dame du Mont-Olivet, constitue une branche réformée de la famille bénédictine. Fondé en 1313 par Giovanni Tolomei, issu d’une des plus illustres familles siennoises, cet ordre adopte la Regula Monachorum de saint Benoît, tout en insistant sur une vie monastique fondée sur l’austérité, la prière et le travail manuel. Les membres de la congrégation, appelés bénédictins olivetains, se distinguent par le port de l’habit blanc et l’adjonction des initiales O.S.B.O. (Ordinis Sancti Benedicti Oliveti) à leur nom. Dès la fin du XIVe siècle, l’ordre comptait une cinquantaine de monastères en Italie. À Florence, les Olivetains s’établirent d’abord au monastère de Santa Maria del Castagno, fondé en 1334 et agrandi en 1337, avant de rejoindre le couvent de San Bartolomeo.

L’origine exacte de cette paire de colonnes demeure incertaine. Toutefois, deux colonnes torsadées de dimensions plus modestes, conservées au Musée Bardini de Florence (inv. nos 145 et 384), présentent des similitudes stylistiques frappantes. Selon Neri Lusanna, ce type de colonne peut être attribué à des ateliers actifs dans l’Italie centro-septentrionale entre 1340 et 1360. Cette datation correspond par ailleurs à une phase décisive de l’histoire olivétaine, marquée par l’approbation officielle de la congrégation par le pape Clément VI le 21 janvier 1344 et par la fondation de nouveaux monastères olivetains dans la péninsule.

Twisted Columns in the cloister, Basilica of St Paul Outside the Walls, Rome

Des colonnes torsadées comparables figurent également dans le cloître de la basilique Saint-Paul-hors-les-Murs à Rome, soulignant la pérennité de ce motif architectural dans l’architecture gothique italienne. Ce type de colonne à fût spiralé constitue un marqueur stylistique de l’esthétique gothique tardive, où l’élan vertical et la dynamique du mouvement ascensionnel participent de la mise en scène visuelle et spirituelle de l’espace sacré. Parfois, ce type de colonne encadre directement les scènes narratives majeures de la peinture murale gothique italienne, renforçant la cohérence visuelle entre architecture et décor peint.

Bibliographie:

Neri Lusanna, Enrica, and Lucia Faedo (eds.). Il Museo Bardini a Firenze: Le Sculture. Milan: Electa, 1986.

Pope-Hennessy, John. Italian Gothic Sculpture. London: Phaidon Press, 1955.